Puis-je essayer la cigarette électronique si je ne fume pas?

Excellente question, on se remercie toutes et tous d’oser se la poser.

Si vous avez suivi quelques cours de philosophie au lycée, il vous a certainement été “indiqué” que dans la vraie vie, quel que soit le sujet concerné, il est parfois compliqué de se positionner clairement quand certains choix nous sont imposés. 

Rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, et comme dirait Jean-Paul Sarthe : “Ne pas choisir est encore choisir”.

Dans une disserte en philo, on part d’un postulat factuel, on tente dans la thèse d’y trouver une position explicable déjà vérifiée (en partie), l’antithèse en tempère les affirmations à grands renforts de citations d’auteurs connus et au-dessus de tout soupçon, et la synthèse est un savant mélange des deux propositions uniquement destiné au professeur perplexe à qui on laissera le soin de choisir la “bonne” interprétation (et la bonne note). 🙂 

Exemple sibyllin: L’eau.

Elle est indispensable à la vie, mais peut également nous tuer si on s’y noie.

Question en synthèse: Que faut-il penser de la vapeur?

Vous l’aurez noté, cet exemple n’est pas pris complètement au hasard.

Rappelons d’abord rapidement ce qu’est une cigarette électronique :

C’est un petit appareil utilisé par les fumeurs désirant arrêter de fumer, qui délivre une vapeur aromatisée pouvant contenir (ou pas) de la nicotine.

Cette petite machine diabolique était donc, à l’origine, exclusivement destinée aux fumeurs qui souhaitaient quitter le tabac en tentant cette solution plaisante, moderne et innovante.

Thèse 

Un non fumeur peut-il essayer la cigarette électronique ?

La logique, spontanée et cohérente s’impose : Non, et quel que soit son âge.

On sait tous aujourd’hui que l’addiction au tabac tue avec 10 ans d’avance plus de 75 000 personnes par an. 

Une addiction provoquée par la nicotine qui, associée aux particules fines, aux goudrons et au monoxyde de carbone dans la combustion d’une cigarette, crée une dépendance nocive qui tue un fumeur sur deux.

Elle est devenue la première cause mondiale de morts prématurées évitables.

Comme la cigarette électronique reproduit à l’identique l’action de fumer et peut de plus contenir de la nicotine, elle doit être évidemment fortement déconseillée aux jeunes, et d’une façon plus générale, à tout non fumeur.

Même s’il est aujourd’hui prouvé qu’elle est 95% moins nocive que le tabac, il reste possible qu’elle puisse induire une dépendance fâcheuse. Certains pensent même qu’elle pourrait devenir une porte d’entrée vers le vrai tabac fumé.

Il faut ajouter qu’aux yeux de certaines institutions, une petite quinzaine d’années de recul semble insuffisante pour affirmer publiquement que la cigarette électronique est parfaitement inoffensive et ce, même si en termes de “réduction des risques”, le doute n’est plus permis comparé au tabac. 

Et, comme de toute façon Mère Nature n’a pas prévu de nous faire respirer autre chose que de l’air, conformons-nous à cette évidence, et faisons comme si la cigarette électronique n’existait pas, et point final.

Concernant plus particulièrement nos jeunes ados friands d’expériences nouvelles, la loi précise clairement que la cigarette électronique est interdite aux mineurs.

Le problème est donc réglé.

Antithèse

Est-elle cependant préférable au tabac dans tous les cas ?

Partant du principe qu’un adulte majeur est responsable de ses décisions, la question mérite d’être posée au moins pour nos ados, notre France de demain.

Aux dernières nouvelles, personne ne possède de boule de cristal d’assez bonne qualité pour prédire l’avenir. Bien malin qui pourra deviner comment se comporteront des ados/pré-ados au collège ou au lycée.

Une certitude cependant demeure. Un certain nombre voudra “essayer des trucs”, tenter des expériences, visiter l’inconnu, et surtout transgresser les règles, notamment celles qui concernent tout ce qui est nouveau ou interdit.

La “vapote” cumulant ces deux “alibis”, elle cristallise cet attrait fascinant pour le fruit défendu, car le tabac souvent déjà testé ne leur est plus inconnu.

Mais en matière de tabac, on sait. C’est une addiction qui rend malade et qui finit par nous tuer avec 10 ans d’avance. 

A la lumière de toutes les informations actuelles dont on dispose (hormis certains contextes particuliers), se mettre aujourd’hui à fumer frôle la stupidité profonde ou au mieux, témoigne d’une parfaite mauvaise foi.

Concernant la cigarette électronique, c’est plus compliqué. Si on se base sur l’année 2005 correspondant à peu près à son apparition sous nos latitudes, et hormis des petits malins qui ont joué les apprentis sorciers et se sont brûlés les doigts pour avoir osé plaisanter avec des batteries au lithium, la cigarette électronique n’a encore officiellement tué personne, bien au contraire.

Depuis les années 2010, le tabagisme des collégiens n’a jamais cessé de diminuer et n’a jamais été aussi bas qu’aujourd’hui.

Si cette tendance se poursuit, l’objectif d’une quasi-disparition du tabagisme en France à l’horizon 2030 serait enfin envisageable. 

Qu’on le veuille ou non, la cigarette électronique y est pour quelque chose. 

Les instances médicales savantes comme l'Académie Nationale de Médecine affirment ne pas avoir changé d’opinion concernant le vapotage. Malgré certaines allégations officielles (mais cependant douteuses), elles considèrent toujours cette cigarette électronique comme étant un “outil plus efficace” que les substituts nicotiniques traditionnels.

Sa nocivité reste en effet toujours à établir car quel que soit le domaine, il est toujours techniquement très difficile de démontrer la non apparition dans le futur de phénomènes nuisibles hypothétiques ou inconnus.

Une certitude est cependant médicalement prouvée: la nicotine est la seule substance inoffensive présente dans le tabac. Ce sont tous les produits toxiques qui l'accompagnent dans sa combustion qui nous tuent.

Synthèse 

Quel choix adopter entre tabac et cigarette électronique ?

Sachant d’une part qu’un adulte non fumeur est supposé savoir ce qu’il fait et que d’autre part, personne ne connaît l’avenir, un cruel dilemme s’impose :

Au nom de l'exemplarité et du mauvais geste à bannir, faut-il absolument "protéger" (leur interdire) les jeunes d’un truc déclaré médicalement inoffensif (le vapotage), lequel a toutes les chances de les éloigner du truc cancérigène (la cigarette) dont 40% d'entre eux sont déjà dépendants avant l'âge de 20 ans, et qui en tuera prématurément un sur deux avec 10 ans d'avance ?

La question reste posée.... 

Bonnevapàtoutéàtous